La culture de champignons est, vous le savez, notre sujet de prédilection. Nous pensons que cette activité a un rôle majeur à jouer dans l’avenir de l’humanité. Mais saviez-vous que d’autres espèces animales ont déjà basé leur survie sur la culture de champignons ? Parmi elles, les fourmis atta, également connues sous le nom de fourmis champignonnistes, ont développé une relation étonnante avec les champignons. Elles les cultivent pour en faire leur principale source de nourriture.
Acrocynus, CC BY-SA 3.0
Comment les fourmis atta cultivent-elles des champignons ?
Les fourmis atta sont de petites créatures fascinantes qui vivent en colonies structurées et organisées. Elles sont présentes dans les régions tropicales et subtropicales, où elles construisent d’impressionnants nids souterrains. Ce qui distingue les fourmis atta des autres espèces de fourmis, c’est leur capacité à cultiver activement des champignons pour se nourrir.
La culture des champignons par les fourmis atta commence à la fondation de la colonie. Les reines lorsqu’elles s’installent possèdent déjà des spores dans leurs organes digestifs. Elles vont donc démarrer la culture en régurgitant le contenu et en utilisant la matière organique de leur environnement.
Lorsque le champignon commence à grossir, la reine va pondre ses œufs à l’intérieur. Il servira ainsi à la fois de protection et de nourriture pour les larves.
Comme chez de nombreuses espèces d’insectes sociaux, les ouvrières commencent à nourrir les larves avec la reine, puis en grandissant vont partir chercher de la nourriture.
Norbert Potensky, CC BY-SA 3.0
La suite de la culture des champignons par les fourmis atta est un processus captivant.
Les fourmis vont ainsi entretiennent les champignons en veillant à maintenir des conditions optimales de croissance. Elles contrôlent la température, l’humidité et la ventilation des champignonnières pour assurer une croissance saine des champignons.
Elles apportent de la matière organique, feuilles découpées sur les arbres, morceaux de racine ou autre. Elles font également grossir la chambre de culture au fur et à mesure de la croissance du champignon.
Au bout d’une certaine taille, elles vont transporter des morceaux de champignon pour créer une nouvelle chambre, et ainsi de suite.
Un exemple de coévolution
Leur système de culture des champignons est un exemple remarquable de symbiose. Les fourmis participent à la prolifération du champignon en emmenant, à l’aide des ailes de leurs reproductrices, les spores dans des endroits qui peuvent être très éloignés. Elles assurent son approvisionnement en substrat et des conditions de croissance adaptées.
Les champignons atta, en retour, fournissent aux fourmis une source constante de nourriture. Les fourmis récoltent les parties nutritives des champignons et les consomment.
Les deux espèces ont coévolués, les colonies les plus adaptées étant plus compétitives. Ainsi, lorsqu’un champignon développe une caractéristique qui avantage les fourmis, la colonie prend le pas sur les autres et la caractéristique se maintient.
C’est la même chose en cas de changement chez les fourmis. Sur le long terme, cela conduit à une évolution conjointe dans la direction d’une symbiose.
Cette coévolution a conduit à une interdépendance étroite entre les fourmis et les champignons, où les deux organismes se sont adaptés pour maximiser les avantages mutuels.
Une activité qui n’est pas sans conséquence sur l’humain
Les fourmi atta sont parfois considérées comme nuisibles car elles dégradent de grandes quantité de végétaux pour leur propres cultures. Cela peut interagir avec les cultures des paysans des alentours. Ainsi dans certaines région de la pampa argentine, les fourmis mangent plus de végétaux que le bétail.
Un moyen traditionnel de luter contre elles est d’incendier périodiquement les plaines pour éliminer les colonies installées.
Mais cela nous apporte aussi certains enseignements. Cette alliance entre les fourmis atta et les champignons illustre comment les interactions entre les espèces peuvent être complexes et conduire à des stratégies de survie innovantes. En étudiant ces relations inter-espèces, nous pouvons en apprendre davantage sur les possibilités de la culture des champignons et les implications qu’elle peut avoir pour notre propre avenir alimentaire.